Au fait, quoi de neuf dans GNOME 3.32 ?
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GNOME 3.32, baptisé « Taipei » pour rendre hommage à l’équipe qui a organisé dans la ville taïwanaise la récente conférence annuelle des utilisateurs et développeurs de GNOME (GUADEC), est sorti le 13 mars dernier.
Presque deux mois après, alors que cette nouvelle version commence à se diffuser auprès du public (nous n’avons pas osé écrire « grand public ») à travers les distributions habituelles, il est temps de revenir sur ses nouveautés les plus importantes, ainsi que les faits marquants du dernier cycle de développement !
En haut de l’affiche de cette version il convient certainement d’inscrire le gain en réactivité et fluidité du bureau, ainsi que le développeur Georges Stavracas (qui y a pourtant contribué) s’en étonne lui‐même !
Par ailleurs, c’est un plaisir de lire la participation conjointe au projet GNOME d’entreprises comme Red Hat, Endless, Collabora, Canonical, Purism…
- lien n°1 : Dépêche précédente, à l’occasion de la 3.30
- lien n°2 : Notes de version de la 3.32 « Taipei »
Sommaire
Les nouveautés de GNOME 3.32
Meilleures performances
Un important travail d’optimisations de GNOME Shell, Mutter et Clutter a été mené pour rendre le bureau moins gourmand en ressources matérielles, et l’expérience plus fluide et réactive pour l’utilisateur, notamment par :
- Daniel Van Vugt de Canonical (à présent qu’Ubuntu a laissé tomber Unity pour GNOME comme interface principale) — plus de détails dans cet article et cet autre article en anglais sur Phoronix ;
- Georges Stavracas, sponsorisé par Endless ; il présente son travail – et celui de Jasper St. Pierre, aujourd’hui chez NVIDIA (après avoir travaillé notamment pour Red Hat et Endless), sur GJS, le moteur JavaScript de GNOME Shell – dans ce billet en anglais.
Par ailleurs, la prise en compte de processeurs graphiques secondaires a été revue, notamment grâce à Emilio Pozuelo Monfort, de Collabora (plus de détails dans cet article en anglais sur Phoronix).
Enfin :
- la recherche est également plus rapide grâce à un travail d’optimisation de la base de données de recherche de GNOME (nouvel analyseur SPARQL développé pour Tracker – billet de blogue en anglais) ;
- Logiciels bénéficie d’un démarrage plus rapide et d’une empreinte mémoire réduite grâce à l’utilisation de libxmlb pour analyser AppStream XML ;
- Machines peut à présent utiliser l’accélération 3D pour les machines virtuelles si l’hôte et l’invité le prennent en charge (la preuve ).
Meilleure présentation visuelle
Ont été revus les widgets (les boutons sont plus arrondis et dotés d’une ombre projetée, la position ouverte ou fermée des interrupteurs est indiquée au moyen d’une couleur et non plus par un libellé ON/OFF – billet de blogue en anglais), ainsi que les icônes des applications (plus saturées, à l’initiative de Jakub Steiner de Red Hat – billet explicatif en français sur le blogue Lost in cyberspace : « GNOME : le poids des icônes »).
Meilleure prise en charge des écrans à haute densité de pixels (HiDPI)
La mise à l’échelle fractionnaire est introduite à titre expérimental. Elle comprend plusieurs valeurs fractionnaires (100 %, 125 %, 150 %, 175 % ou 200 %) qui permettent d’obtenir une bonne qualité visuelle sur tous les moniteurs.
Pour activer cette fonctionnalité, vous devez ajouter manuellementscale-monitor-framebuffer
à la clefgsettings org.gnome.mutter.experimental-features
. Les valeurs de mise à l’échelle fractionnelle seront alors accessibles via le panneau « Écrans » des Paramètres du bureau. Plus de détails dans cet article en anglais sur Phoronix.Autres nouveautés, en vrac
- un sélecteur d’émojis a été intégré au clavier visuel (youpi) ;
- dans les Paramètres du bureau, un nouveau panneau « Applications » développé par Matthias Clasen, de Red Hat, qui donne tout un tas d’informations sur les ressources et permissions des applications (y compris celles installées via Flatpak, qui offre d’ailleurs un niveau de paramétrage plus fin, comme la possibilité d’accéder au microphone, à la caméra ou à des périphériques USB), tandis que Robert Ancell, de Canonical, a refondu le panneau « Son » pour l’harmoniser avec les autres (par une conception verticale). Ces améliorations et d’autres, sont présentées dans ce billet en anglais par Georges Stavracas, de Endless, qui souligne la vitalité du projet dont il est (entre autres choses) le co‐mainteneur ;
- Logiciels offre une meilleure gestion des sources (dépôts Flatpak ou dépôts de paquets traditionnels des distributions) et affiche désormais les permissions demandées par les applications Flatpak sur la page de détails ;
- Builder a bénéficié d’une grosse refonte sous la direction de Christian Hergert de Red Hat (billet de blogue en anglais) ;
- Web, alias Epiphany, fait le plein de nouveautés, avec une nouvelle barre d’adresse s’adaptant au plein écran, un nouveau menu déroulant des onglets ouverts spécialement adapté aux mobiles, la prise en compte des commandes au moyen de gestes sur le pavé tactile comme le « swipe » à deux doigts – la prise en charge des gestes à la souris reste expérimentale et doit être activée via
gsettings
, l’amélioration du mode lecture rendu plus confortable et configurable et encore plein d’autres choses) ; - les interfaces de certaines applications sont en train d’être modifiées pour pouvoir s’adapter à tout type d’écran, à l’initiative de Purism (billet de blogue en anglais) ;
- plein d’autres choses.
Qu’est‐ce qu’on a retiré dans cette version ?
Une mise à jour, ce n’est pas que des ajouts, c’est aussi des retraits (« une spécialité de GNOME », diront les mauvaises langues…).
Les applications GNOME n’ont plus de « menu d’application » ! Ce menu global, apparaissant dans le Shell car supposé affecter l’ensemble des fenêtres ouvertes d’une même application, avait été très décrié dès son introduction dans GNOME 3.4, il y a de cela plus de sept ans.
Guidés notamment par la nécessité d’une approche qui convienne à la fois aux stations de bureau multi‐écrans et aux ordinateurs de poche, les designers ont fait le choix de l’abandonner. Les entrées de ce menu doivent faire l’objet d’une migration derrière un bouton « burger » plus classique. Le toolkit effectue automatiquement cette modification si l’application n’a pas pu être mise à jour pour la sortie de GNOME 3.32 (plans, rapport de bogue).
Cette version de GNOME a été intégrée dans les distributions habituelles, dont Fedora 30 qui avait été présentée dans cette dépêche.
Autour de GNOME
Flatpak
De nouvelles fonctionnalités ont été ajoutées au bénéfice des utilisateur de Flatpak en ligne de commandes, comme mentionné dans les notes de version de GNOME 3.32 (on ne s’étonnera pas de découvrir les nouveautés de Flatpak dans les notes de version de GNOME car « bien que séparé du projet GNOME, Flatpak occupe une place centrale dans les plans des développeurs de GNOME pour l’avenir »).
Matthias Clasen de Red Hat revient dans ce billet et cet autre billet en anglais sur le détail de ces nouveautés.L’initiateur de Flatpak, Alexander Larsson, de Red Hat, revenait à la mi‐2018 sur la genèse du projet (billet rédigé en anglais).
GTK
En parallèle de la version stable, GTK poursuit son développement en direction de la version 4.0 (dernière version en date : 3.96.0) que Matthias Clasen de Red Hat et Emmanuele Bassi de la Fondation GNOME relatent sur le blogue dédié.
Pitivi et GES
Pitivi (site officiel) est un logiciel de montage vidéo qui se veut simple et puissant. Il s’appuie sur GStreamer et respecte les directives d’interface homme‐machine — Human Interface Guidelines (HIG) — de GNOME.
Il y a quelques années, le projet a été coupé en deux, avec d’un côté Pitivi, l’interface en Python, et de l’autre GStreamer Editing Services (GES), le moteur, sorte d’intermédiaire avec GStreamer implémentant les fonctions de base pour l’édition vidéo non linéaire, comme nous l’expliquions alors dans cette dépêche. Ceci notamment afin de faciliter les contributions.Parmi les nouveautés de ces derniers mois, citons :
OpenTimelineIO dans GStreamer Editing Services (GES)
Igalia a implémenté OpenTimelineIO dans GStreamer Editing Services (GES). OpenTimelineIO est une API et un format développés par Pixar et d’autres, permettant l’interopérabilité entre les logiciels d’édition vidéo non linéaire qui l’implémentent.
La vidéo de démo sur le blogue de Thibault Saunier montre ainsi une vidéo assemblée dans Adobe Premiere : le projet est alors exporté au format XML Apple Final Cut Pro avant d’être réimporté dans Pitivi !Travail de raffinement sur l’interface de Pitivi
Alexandru Băluț revient dans ce billet de blogue en anglais sur le travail récemment effectué sur le lecteur (c’est ainsi que s’appelle la fenêtre de prévisualisation dans Pitivi) par Harish Fulara, étudiant GSoC placé sous sa supervision (lire son billet de blogue en anglais).
Le niveau d’exigence de finition que les développeurs mettent dans Pitivi, avec une vraie réflexion pour garder les choses simples et utiles, m’a toujours impressionné.Appel à tester la version candidate de Pitivi 1.0 !
En vue de préparer la sortie de Pitivi 1.0 le 20 mai prochain, vous êtes encouragés à tester la version 1.0 RC disponible via Flatpak : tout est expliqué dans ce billet de blogue en anglais.
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