darktable 2.6.0
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darktable est un logiciel de retouche d’images spécialisé dans le traitement de photos « raw », c’est‐à‐dire des données brutes du capteur de l’appareil photo. Il a la particularité d’être non destructif c’est‐à‐dire qu’il ne modifie jamais les fichiers sur lesquels il travaille : on gère un ensemble de transformations à appliquer au fichier raw, et darktable permet d’exporter le résultat dans les formats d’images classiques.
Comme le veut la tradition, une nouvelle version de darktable est sortie pour Noël : la 2.6.0. 2018 a été une année de renouveau pour darktable, avec de nombreuses fonctionnalités majeures réalisées par de récents contributeurs.
Pour connaître les nouveautés…
- lien n°1 : Site officiel de darktable
- lien n°2 : Communauté francophone darktable
- lien n°3 : darktable 2.4.0 sur LinuxFr.org
- lien n°4 : darktable 2.2.0 sur LinuxFr.org
- lien n°5 : darktable 2.0.0 sur LinuxFr.org
- lien n°6 : Version originale (en anglais) de l’article
- lien n°7 : Annonce officielle de sortie de la 2.6
Sommaire
- Fonctionnalités principales
- Améliorations de la table lumineuse et de la carte
- Autres fonctionnalités importantes
- Contrôle plus fin sur le bruit pour les modules « réduction du bruit (profil) » et « réduction du bruit RAW »
- Un nouveau mode logarithmique pour le module correction du profil d’entrée
- Possibilité d’ajuster l’opacité de chaque correction du module de correction de taches
- Amélioration de la gestion des fichiers RAW monochromes
- Amélioration de la gestion des instances multiples de modules
- Recadrage préservant le ratio dans le module de correction de perspective
- Améliorations d’ergonomie
- Importation depuis d’autres logiciels
- À propos de cet article
Parmi les principales nouveautés :
- un nouveau module retouche, similaire au module de correction de taches, avec copie intelligente (outil de correction) et la possibilité d’agir sur chaque niveau de détail individuellement ;
- un nouveau module filmique, capable de gérer la plupart des aspects de tonalité d’une image en un seul module, tout en préservant la couleur ;
- une refonte complète du module de balance des couleurs, qui peut être vu comme une variante plus orientée couleurs que le module niveaux ; grâce à de nouvelles options de sélection de couleurs, ce module permet d’effectuer la plupart des ajustements automatiquement ;
- la possibilité de guider le floutage d’un masque de fusion, afin de sélectionner précisément un objet avec le minimum d’effort.
Tout ceci vous est ici dévoilé, et bien d’autres nouveautés, dans la suite de cette dépêche.
Comme toujours, le format de base de données est changé avec cette version majeure, vous ne pourrez pas relancer les versions antérieures sur vos photos après avoir lancé darktable 2.6. Pensez à faire une sauvegarde de votre base de données (répertoire
~/.config/darktable/
) avant la mise à jour.Fonctionnalités principales
Un nouveau module : « retouche »
Même si darktable se focalise principalement sur le développement RAW, les dernières versions ont introduit des fonctionnalités habituellement réservées aux éditeurs orientés pixels tel que GIMP, comme le module liquéfier.
Une étape importante de plus dans cette direction est faite avec ce nouveau module retouche, qui remplace essentiellement le module correction des taches, avec séparation des fréquences pour une retouche fine.Améliorations comparées au module de correction des taches
Le module a bien plus d’options que le module correction des taches, mais tout ce que vous pouviez faire avec le précédent reste disponible dans le module retouche.
Comme avec correction des taches, vous sélectionnez une forme (cercle, ellipse, chemin ou brosse ; cette dernière n’existait pas dans correction des taches) et vous cliquez simplement sur la partie de l’image que vous souhaitez effacer. Le module va copier une autre partie de l’image pour la masquer. Glissez au lieu de cliquer pour choisir la source à cloner, ou ajustez les contrôles ensuite.
De nombreux détails vont vous faciliter la vie :
Outil de correction, de meilleurs résultats en moins d’efforts
Par défaut, la copie utilise un algorithme de correction (heal, en anglais) emprunté de l’outil correcteur de GIMP, qui adapte la source au contexte de l’emplacement copié. Vous n’avez pas besoin de copier exactement la bonne partie de l’image. Prenons un exemple classique, un petit défaut dans un ciel pas complètement uniforme :
Une mauvaise tentative pour corriger cela avec l’outil de copie donnerait :
Le morceau de ciel copié pour masquer le défaut est un peu plus sombre que l’endroit où il a été copié. Ce n’est pas évident tant que les outils de contrôle sont affichés sur l’image, mais l’image finale est vraiment mauvaise :
La même retouche avec le nouvel « outil de correction »1 donne ceci :
Cette fois, l’image finale est impossible à distinguer d’un ciel sans défaut :
Même en clonant des parties de l’image de couleurs complètement différentes, l’« outil de correction » réagit étonnamment bien. Poussons un peu le module :
Le morceau blanc est copié vers le T‐shirt bleu, le T‐shirt bleu vers le rouge, et le rouge vers le blanc. Chaque fois, le contraste local est conservé, mais la couleur générale et la luminance du morceau sont adaptées pour s’ajuster à la destination.
L’« outil de copie » basique2 est toujours disponible pour les rares situations où vous en auriez besoin.
Remplir et flouter, quand vous n’avez rien à copier
En plus des outils de copie et de correction (qui fonctionnent seulement quand vous avez une partie de l’image à dupliquer sur celle à effacer), le module retouche fournit un « outil de remplissage »3 (remplir une forme avec une couleur) et un « outil de flou »4 (appliquer un flou pour adoucir une partie de l’image). Ces outils sont particulièrement utiles pour l’édition par séparation de fréquences (voir plus bas).
Une activation, plusieurs corrections : ajout continu
Les outils peuvent être activés en une fois pour plusieurs corrections. Utilisez simplement la combinaison
Ctrl
+<clic>
sur l’un des outils cercle, ligne, ellipse ou chemin (au lieu d’un simple clic), et l’outil restera actif jusqu’à ce que vous le désactiviez explicitement.
Ceci est très pratique lorsque vous avez à corriger plusieurs endroits de la même image, comparé à la version précédente qui vous obligeait à re‐cliquer sur le bouton de l’outil pour chaque correction.Visualisation de la source de correction
Pour les outils de copie et de correction, chaque correction consiste à sélectionner une source et une destination. Un simple clic permet de définir la destination et, par défaut, darktable sélectionne une zone arbitraire pour la source. Une autre option est de définir la source et la destination par un glisser-déposer avec le curseur de la destination vers la source.
Le module retouche introduit un mécanisme plus avancé :
- en déplaçant le curseur sur l’image, la destination à corriger est marquée par une forme, alors que la source est marquée par une petite croix :
- pour sélectionner une source, utilisez
Maj
+<clic>
sur l’image ; la croix est alors placée sur l’emplacement du curseur et ne bougera plus jusqu’à ce que vous sélectionniez la destination, via un simple clic ; ceci est particulièrement intéressant combiné à une activation permanente de l’outil mentionné ci‐dessus, plusieurs corrections sont ainsi possibles sur l’image, la source restant à des coordonnées relatives à la destination ; - une variante : utilisez
Ctrl
+Maj
+<clic>
au lieu deMaj
+<clic>
; ceci définira également l’emplacement de la source, mais cette fois, celle‐ci restera fixe, selon des coordonnées absolues et non plus relatives à la destination à corriger.
Édition par séparation de fréquences
Une difficulté classique de la retouche photo, typiquement pour le portrait, est que l’on souhaite souvent masquer certaines taches, et parfois réduire le contraste local afin de rendre la peau plus lisse, tout en conservant sa texture. Un effacement brutal rendrait la peau trop lisse et donnerait à la photo, au mieux, un aspect « excessivement post‐traité ».
Prenons une image comme exemple (reprise du défi pixls.us PlayRaw « Hillbilly portrait ») :
Une technique commune pour ce type de retouche est de séparer l’image en plusieurs images correspondant à plusieurs niveaux de détail, et de les combiner ensemble. C’est ce que permet le greffon « Décomposer en ondelettes » de GIMP (article en anglais) par exemple.
Après séparation, cela produit une première image floue aux détails grossiers, et une ou plusieurs images contenant seulement les détails.
Dans notre exemple, nous obtenons les niveaux de détail :
Et l’image dite « résiduelle », c’est‐à‐dire l’image où tous les autres niveaux de détail ont été enlevés :
Ce type de transformation est utilisé en interne par le module égaliseur, qui permet d’augmenter ou diminuer l’importance de chaque niveau de détail de l’image. Alors qu’égaliseur travaille globalement sur l’image, retouche permet de sélectionner le niveau de détail et la partie de l’image sur laquelle vous souhaitez travailler.
Dans le module retouche, cela correspond à la partie décomposition en ondelettes de l’interface :
Cette partie montre un rectangle par échelle de décomposition (du grain le plus fin à gauche au grain le plus grossier à droite). Le rectangle noir à gauche correspond à l’image entière, et le blanc à droite à l’image résiduelle. Par défaut, darktable montre toujours l’image finale, mais vous pouvez visualiser une échelle de détails et l’image résiduelle en cliquant sur le bouton « affiche une seule échelle de décomposition »5.
L’image actuellement sélectionnée apparaît avec un rectangle rouge. Déplacez le curseur du bas pour modifier le nombre d’échelles de détail à utiliser. Selon le niveau de zoom, certains détails d’échelle peuvent être plus fins que ne le permet la résolution de l’écran, donc inutilisables. La ligne grise sur le dessus des échelles montre lesquelles sont visibles au niveau de zoom actuel.
En visualisant l’échelle de détail, le contraste peut être trop faible ou trop fort, le module propose donc un ajustement de niveaux (qui s’applique seulement sur la prévisualisation à l’écran, et n’a pas d’impact sur l’image finale) :
Chaque type d’outil présenté ci‐dessus (« outil de correction », « outil de copie », « outil de remplissage » ou « outil de flou ») est utilisable sur chacune de ces échelles. Voyez‐les comme des calques obtenus d’une image source, et recomposés ensemble, après retouche, afin d’obtenir l’image finale. C’est là où les outils de « remplissage » et de « flou » prennent tout leur sens : l’« outil de remplissage » est par défaut un mode d’effacement lorsque la couleur choisie est le noir, ce qui correspond à supprimer les détails lorsqu’il est utilisé sur les échelles de détails. Il est aussi possible de sélectionner une couleur et de remplir avec celle‐ci (particulièrement utile sur l’échelle de l’image résiduelle). Utiliser l’« outil de flou » directement sur l’image, aboutit à des résultats de post‐traitement clairement visibles, mais l’utiliser de manière sélective sur les échelles permet d’aboutir à des effets plus subtils.
Exemple 1 : réduction de tache au lieu de suppression
Concentrons‐nous sur le bouton situé sous la branche des lunettes. Si nous souhaitons le supprimer complètement, il est facile de le faire avec l’« outil de correction ». Maintenant, que se passe‐t‐il si nous souhaitons le conserver, et seulement le réduire, pour qu’il n’attire plus l’attention ? Nous pouvons simplement le supprimer depuis l’échelle de détails grossiers (échelle 6, dans notre exemple).
Le bouton n’est pas visible sur l’image résiduelle, le supprimer depuis l’échelle de détails est donc suffisant. L’« outil de correction » permet de le faire proprement. Mais en agissant avec l’échelle de détails, l’« outil de remplissage » et l’« outil de flou » peuvent aussi donner de bons résultats. Voici ci‐dessous le résultat sur l’échelle 6 (avant à gauche, après à droite).L’image finale sera transformée comme suit :
Désormais, nous pouvons décider que la correction faite sur l’échelle 6 peut aussi s’appliquer à l’échelle 5. Nous pouvons faire la même chose manuellement, mais nous pouvons également utiliser le curseur du haut, intitulé « début de fusion », afin de reproduire automatiquement les formes corrigées sur plusieurs échelles. Toutes les formes créées à droite de ce curseur seront reproduites sur toutes les échelles au‐delà de ce curseur de fusion (sauf si le curseur est positionné complètement à gauche — à 0 —, ce qui signifie que la fusion est désactivée).
Par exemple, en positionnant le curseur à 5, nous appliquons la correction sur les échelles 5 et 6, et obtenons ceci :
Si nous déplaçons le curseur plus à gauche, le bouton disparaît progressivement. Selon ce même principe, nous pouvons effacer les marques sur la peau tout en préservant les poils de la barbe :
Juste une correction sur l’échelle 7, propagée ensuite jusqu’à l’échelle 5 en utilisant le curseur de fusion
Exemple 2 : jouer avec la texture de peau
Si vous voulez changer la texture de peau sur la joue, vous pouvez appliquer un flou sur une forme de ce type :
Vous obtenez alors le résultat avant/après suivant :
De toute évidence, ce type de retouche doit être pratiqué avec une grande prudence : si la correction est poussée trop loin, cela produira un rendu trop artificiel. En cas de doute, vous pouvez toujours revenir en arrière sur votre retouche et utiliser un mode de fusion avec une opacité inférieure à 100 %, ou modifier l’opacité ou le rayon de flou de chaque forme individuellement.
Exemple 3 : s’amuser avec l’image résiduelle
Juste pour le plaisir (ne reproduisez pas ça chez vous, ou attendez‐vous à des images horribles !), nous pouvons obtenir un effet « tatouage » en utilisant l’« outil de copie » sur l’image résiduelle :
Bien que peu élégant, cet exemple illustre le principe de « séparation de fréquences » : nous avons conservé les détails fins de la joue, et copié des détails grossiers de l’image résiduelle.
Nouveau module : « filmique »
Le module filmique a été conçu pour reproduire les meilleurs aspects d’une pellicule argentique associés aux contrôles plus aisés de la photographie numérique. Il peut être utilisé sur toute image en remplacement du module courbe de base, et est particulièrement adapté pour les images à grande plage dynamique (high dynamic range — HDR), c’est‐à‐dire avec un écart important entre les zones les plus claires et les plus sombres de l’image.
Prenons un exemple d’une telle image (extrait du défi pixls.us PlayRaw « Backlit ») :
Une approche commune pour agir avec des images à plage dynamique étendue (HDR) est de comprimer le contraste global tout en conservant le contraste local. darktable a plusieurs modules fonctionnant sur ce principe : « mappage tonalités », « mappage global tonalités », « ombres et hautes lumières » et, depuis darktable 2.2, le mode « fusion d’exposition » dans le module « courbe de base ». Cette compression de contraste fonctionne jusqu’à un certain point, les résultats pouvant donner un aspect artificiel si poussée trop loin. Ce que vous souhaitez typiquement éviter est ceci (le module « mappage de tonalités » a été utilisé, le curseur de contraste à son maximum) :
Le module « filmique » montre qu’une autre approche est possible et, généralement, donne des résultats plus naturels. Il considère chaque pixel individuellement, sans faire de distinction entre le contraste global et local. Si filmique comprime trop le contraste, il est toujours possible de récupérer le contraste local, avec l’excellent module « contraste local » par exemple.
Le module « filmique » est fait pour être utilisé sans le module courbe de base (activé par défaut dans darktable). La « courbe de base » vient très tôt dans le pipeline graphique et donne une image contrastée, dans laquelle les hautes lumières sont souvent atténuées. Récupérer les détails perdus via courbe de base est difficile. D’autre part, simplement désactiver courbe de base entraîne généralement des images pâles, manquant de contraste et de saturation. D’autres techniques d’amélioration du contraste doivent être utilisées pour compenser cela. Le module « filmique » vient plus tard que courbe de base dans le pipeline graphique, et donne plus de contrôle pour exploiter correctement la plage dynamique de l’image de sortie.
La première chose que fait filmique est d’appliquer une courbe logarithmique sur l’image, de sorte que les « stops » (puissance de deux de luminance d’un espace linéaire) soient répartis uniformément sur l’histogramme.
La source d’inspiration derrière filmique est la pellicule argentique. Une différence entre les pellicules argentiques et les capteurs numériques est la manière dont ils réagissent à la surexposition. Les capteurs numériques ont un seuil d’écrêtage au‐dessus duquel tout est considéré blanc : ils ne peuvent pas faire la distinction entre les pixels légèrement supérieurs au seuil et les pixels fortement surexposés. L’argentique réagit différemment : le contraste est réduit progressivement à mesure que l’image est surexposée, sans cet effet de seuil. Cela permet aux pellicules argentiques de restituer une scène avec une plage dynamique élevée sur un support avec une plage dynamique inférieure, tout en maintenant le contraste et la saturation dans les tons moyens.
Un effet similaire peut être obtenu dans le monde numérique en appliquant une courbe en S à l’image, tant que les hautes lumières ne sont pas écrêtées. Avec le module courbe de tonalités, on peut dessiner une courbe comme celle‐ci :
La seconde chose que fait filmique est d’appliquer une telle courbe, mais au lieu de fournir cette courbe manuellement, la courbe est automatiquement calculée depuis un ensemble de paramètres. Cela facilite l’équilibrage des ombres, hautes lumières et tons moyens.
Exemple d’image
Traitons notre image avec ce module. Avant d’appliquer filmique, nous devons d’abord désactiver le module courbe de base, et ensuite ajuster l’exposition. Aucun pixel ne doit être surexposé ou sous‐exposé. Dans notre situation, nous devons réduire l’exposition afin d’éviter de surexposer le ciel :
Afin que les paramètres automatiques fonctionnent de leur mieux, il est recommandé d’utiliser le mode « AMaZe » du module dématriçage. Activer un module de réduction de bruit avant filmique, dans le pipeline graphique (p. ex. : réduction de bruit (profil)), peut également aider.
Transformation logarithmique
La première chose affichée dans le module filmique est un aperçu de la courbe appliquée à l’image. La courbe n’est pas directement éditable, l’objectif du module étant d’ajuster la courbe via les curseurs situés en dessous.
Afin d’avoir un bon point de départ de travail, filmique fournit une pipette de réglage de « niveaux automatiques ». Par défaut, ce module considère l’ensemble de l’image et positionne les trois curseurs du dessus en fonction de la luminance moyenne, de la zone la plus lumineuse et de la zone la plus sombre :
À ce stade, l’histogramme doit remplir toute la plage, mais aucun pixel ne doit être sous ou surexposé. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez corriger le problème avec le curseur « facteur de sécurité » : le glisser vers la droite comprime la plage dynamique (l’histogramme doit donc apparaître centré, avec des parties vides à gauche et à droite), et inversement, le glisser vers la gauche l’étend de sorte que les ombres et hautes lumières commencent à s’écrêter. Le curseur noir peut être défini en devinant la plage dynamique de l’image (sur une image suffisamment contrastée, c’est la plage dynamique de la caméra, c’est‐à‐dire environ 14 EV sur un appareil haut de gamme ou environ 10 EV pour un appareil compact moyen). Le curseur noir peut être défini par la valeur du blanc moins la plage dynamique. On peut aussi déplacer le curseur pour laisser l’histogramme remplir sur son axe horizontal.
Dans notre cas, l’outil « niveaux automatiques » a fait le travail correctement, nous allons donc conserver les curseurs tels qu’ils sont. L’histogramme est réparti sur la plage dynamique de l’image cible. Aucun pixel n’est surexposé :
C’est ici que la magie opère : la pipette de luminance de gris moyen permet de choisir quelle partie de l’image sera considérée comme gris moyen (50 % de luminance). Par exemple, si nous le définissons sur la joue du chien, nous obtenons ceci :
Si nous sélectionnons le nez du chien, qui est plus foncé, nous obtenons une image plus claire :
Attention, on est en train de pousser le module dans ses retranchements vu qu’on lui demande d’exposer l’une des zones les plus sombres de l’image comme un gris moyen, ce qui n’est a priori pas une très bonne idée. Mais même dans des conditions extrêmes, le module ne s’en sort pas si mal.
D’autre part, si nous sélectionnons une zone claire du ciel, l’exposition globale est diminuée afin d’obtenir une exposition correcte du ciel :
Sur toutes ces images, les points blancs et noirs sont conservés, et ne sont pas sur ou sous‐exposés. Au final, sélectionner l’herbe derrière le chien est probablement la meilleure option ici, mais c’est une question de goût :
L’utilisation de l’image complète avec le curseur « luminance du gris moyen » est également un choix sûr. C’est ce que fait « niveaux automatiques ».
Courbe filmique en S
Allons maintenant découvrir la seconde partie de ce module : la « courbe filmique en S ». Cette courbe va principalement permettre d’augmenter le contraste dans les tons moyens (le curseur « contraste ») et comprimer les ombres et/ou hautes lumières. Peut‐être ne l’avez‐vous pas remarqué, mais le module filmique a déjà initié cela à son activation, le curseur de « contraste » étant défini par défaut à 1,5. Si nous désactivons la « courbe filmique en S » (donc définir le
contraste
à 1), nous obtenons une image plus terne :
D’autre part, nous pouvons définir plus de contraste que l’option par défaut :
Bien sûr, à un certain niveau, augmenter le contraste entraînera une perte d’informations dans les ombres et/ou hautes lumières. La courbe en haut du module permet de voir quelle information est perdue : idéalement, la courbe ne devrait pas toucher le bas ou le haut du cadre.
Par exemple, si vous obtenez la courbe ci‐dessous, la texture est perdue dans les noirs :
En d’autres termes, ou vous avez détruit vos ombres, ou vous avez volontairement écrêté afin d’obtenir des noirs plus profonds.
Les curseurs sous « contraste » permettent d’affiner précisément la courbe :
- « latitude » définit la gamme de l’image correspondant aux tons moyens sur lesquels le contraste sera augmenté ;
- « équilibre ombres-hautes lumières » définit la place à donner aux ombres ou aux hautes lumières ;
- le menu de contrôle « rendu » contrôle l’interpolation entre les points de la courbe ; la valeur par défaut donne généralement de bons résultats, mais peut aussi être totalement fausse (par exemple, produire une courbe non monotone) lorsque vous poussez les paramètres à leur extrême ; essayez d’autres modes lorsque cela se produit.
L’augmentation du contraste produit souvent une augmentation de la saturation dans les ombres, et une augmentation dans les hautes lumières, ce qui peut amener à des couleurs sortant du gamut de sortie. Le curseur « saturation » permet de diminuer la saturation dans les ombres et hautes lumières extrêmes afin d’éviter cela. D’autre part, dans les hautes lumières, darktable doit habituellement choisir entre la préservation de la luminance et de la chrominance. Par défaut, il préserve la luminance, mais il est possible de privilégier la chrominance par le biais de la case à cocher correspondante. En préservant la chrominance, les images résultantes sont souvent perçues comme sursaturées, ce qui demandera plus d’attention plus loin dans le pipeline (par exemple, en définissant la saturation de sortie du module balance couleur à 75 %).
Il existe une section masquée « destination / affichage », peu utile pour la plupart des utilisateurs. Attendez‐vous à des images horribles si vous l’utilisez sans lire le manuel et sans savoir ce que vous faites !
Touche finale et contraste local
Le contraste a été comprimé dans le ciel, mais nous voyons toujours un peu de texture. Si nous voulons augmenter le contraste local du ciel, le module contraste local avec un masque paramétrique sur la partie la plus claire de l’image produit ce résultat :
Il est aussi possible de désactiver l’effet de filmique en utilisant les masques, par exemple en excluant les hautes lumières pour éviter ici la compression de contraste.
Un adoucissement du masque sera en général nécessaire pour éviter les bords abrupts ou halos.Documentation complémentaire
Cette partie vous donne un aperçu de ce qui est possible avec le module filmique. Bien entendu, il est recommandé de lire le manuel de darktable pour plus de précisions.
Pour de plus amples informations (plus de détails techniques, comparaison avec d’autres techniques, exemples d’images réelles…), vous pouvez également lire l’article suivant (en anglais) : « Filmic, darktable and the quest of the HDR tone mapping », par Aurélien Pierre, le créateur du module.
Gestionnaire de clones dans la chambre noire
Avec darktable, vous pouvez conserver plusieurs historiques différents de la même image. En cliquant sur le bouton « cloner » dans le module images sélectionnées de la table lumineuse, cela donne un clone de l’image : le fichier RAW n’est pas copié, mais darktable conserve ainsi deux piles d’historique distinctes pour cette image.
De plus, darktable 2.6 facilite le travail avec les clones, grâce au nouveau module apparaissant dans le panneau gauche de la chambre noire :
Première amélioration : de fait, le module étant dans la chambre noire, il est désormais possible de travailler avec les différents clones, sans quitter cette dernière.
Deuxième amélioration : un bref commentaire peut être associé à chaque clone de l’image. Supposons que nous souhaitions comparer notre image développée via le module filmique avec un développement fait via la fonction de « fusion d’exposition » du module courbe de base. Nous pouvons démarrer avec un ajustement d’exposition basique et conserver cette version pour des développements futurs :
Ensuite, un clic sur le bouton « créer un clone avec le même historique »6 donne un clone sur lequel nous pouvons appliquer notre traitement basé sur le module filmique :
Afin d’obtenir une nouvelle version, nous sélectionnons d’abord le premier par un double clic, avant de créer un clone :
Pour comparer les clones, un simple « clic prolongé » sur un autre montre cette version de l’image à un niveau de zoom ajusté à l’écran. Il vous faudra maintenir le clic jusqu’à ce que l’image soit affichée complètement la première fois. L’opération sera immédiate par la suite, vous permettant de cliquer et relâcher plusieurs fois pour obtenir une comparaison avant/après instantanée.
Notez bien que les miniatures de l’image sont seulement mises à jour lorsque vous quittez l’image. La miniature de l’image en train d’être éditée n’est donc en général pas à jour.
Refonte du module « balance couleur »
Le module balance couleur a été considérablement amélioré. Bien que son nom contient le mot « couleur », c’est un module plus général que cela. Il peut ajuster les niveaux à peu près comme le module niveaux et peut également ajuster le contraste avec une courbe proche de la courbe en S du module filmique. Bien entendu, vous pouvez également toujours ajuster les couleurs pour ajouter ou supprimer une dominante de couleur dans les ombres, les hautes lumières et les tons moyens séparément.
Le module gagne deux modes de fonctionnement en mode ProPhotoRGB. De plus, vous avez maintenant le choix entre les anciens « contrôles des couleurs » « RGBL » (rouge, vert, bleu, luminance) et « TSL » (teinte, saturation, luminance).
Jouons avec le module sur une image avec plusieurs balances de blanc. Voici l’image d’origine, avec uniquement les modules de base activés et la courbe de base désactivée :
La neige est évidemment blanche dans la scène réelle, mais la neige exposée au soleil reflète la lumière de ce dernier, tandis que celle dans l’ombre reflète la lumière du ciel, beaucoup plus bleue. Le module pipette dans la barre latérale gauche de la chambre noire permet de visualiser et de quantifier ces dominantes de couleurs :
La valeur négative pour le canal « b » représente la couleur bleue.Le module balance couleur dispose maintenant d’une pipette pour neutraliser les couleurs. Sur cette image, l’optimiseur automatique fonctionne plutôt bien. Après un clic sur « neutraliser les couleurs », la dominante bleue dans les ombres est réduite :
En regardant de plus près les patchs sélectionnés par la pipette, notez que la valeur « b » est maintenant beaucoup plus proche de 0 :
Si l’optimiseur automatique se trompe, il est possible de spécifier des patchs de couleur pour les hautes lumières, les ombres et les tons moyens (de préférence dans cet ordre) séparément avec les pipettes de couleur correspondantes. Et, si nécessaire, de relancer la fonction « neutraliser les couleurs » (intitulée « neutraliser les couleurs à partir des patchs » une fois que vous avez sélectionné ces patchs).
De même, les tonalités peuvent être ajustées de la même manière que via le module « niveaux », soit avec la fonction « optimiser luma », soit avec des sélecteurs individuels.
La section « maître » en haut permet de régler le contraste et la saturation globale. Les curseurs « contraste pivot » et « contraste » appliquent une courbe, centrée autour du pivot et avec une pente donnée par le contraste. En d’autres termes, avec un contraste positif, les parties de l’image situées en dessous du pivot seront assombries et les parties situées au‐dessus auront leur luminance augmentée :
Bien sûr, l’étalonnage des couleurs est toujours la fonction principale du module balance couleur. Par exemple, pour obtenir un look ancien, avec des ombres bleues et estompées, nous pouvons utiliser la section « ombres : lift / offset ». Définissez le curseur « facteur » sur une valeur positive (afin que les noirs ne soient pas complètement noirs), la « teinte » sur une couleur bleutée, et utilisez le curseur de « saturation » afin de contrôler l’intensité de la coloration. Cela peut donner lieu à des images comme celle‐ci (image prise du défi RAW de la semaine :
Dans cet exemple, les curseurs ont été poussés un peu loin afin d’obtenir un résultat clair, mais le module peut également obtenir des effets plus subtils, particulièrement lorsqu’il est combiné avec les masques paramétriques. Voyez par exemple le préréglage « virage partiel bleu‐sarcelle / orange » ajouté au module dans cette version (avant pour la première image, après l’application du préréglage pour la seconde) :
Floutage avec détection de bords des masques de fusion
La fonction de fusion de darktable permet de sélectionner une partie de l’image, appelée un masque, afin d’appliquer la transformation apportée par le module sur cette partie. Après création du masque (dessiné ou paramétrique), il est possible d’adoucir ses bords avec un effet de floutage.
Grace à darktable 2.6, vous avez plus de contrôle sur la manière dont le floutage du masque est rendu. Afin d’en comprendre le fonctionnement, regardons les deux principales méthodes de floutage. La plus commune est le flou gaussien, qui donne en gros le même effet qu’une photo avec une mise au point incorrecte. En flou gaussien, la valeur (luminance et chrominance) de chaque pixel est diffusée uniformément aux pixels environnants. L’effet de diffusion s’atténue à mesure qu’on s’éloigne du pixel de départ. Dans darktable, le flou gaussien est disponible dans le module filtre passe‐bas :
Un autre type de floutage se base sur le filtre bilatéral (article en anglais), parfois appelé flou de surface (en raison du nom de l’outil correspondant dans Photoshop), ou floutage avec détection de bord. Dans ce mode, la valeur de chaque pixel est diffusée sur les pixels voisins, mais l’influence d’un pixel est réduite quand les pixels ont des valeurs différentes. Par exemple :
Un algorithme de floutage similaire peut être appliqué au masque, mais cette fois le masque est flouté et l’image sur laquelle on travaille sert de guide pour le floutage. Ceci permet de définir grossièrement le masque et de l’affiner ensuite précisément avec les curseurs.
Supposons que nous souhaitions améliorer la couleur du ciel. Dans le module zones de couleurs, nous pouvons sélectionner approximativement le ciel avec un masque dessiné :
Évidemment, le résultat est pire avec un flou gaussien sur ce masque (le seul qui était disponible dans darktable 2.4) :
Cependant, en poussant le curseur du « rayon adoucissement », le masque s’ajuste automatiquement au ciel, sans propagation aux montagnes. L’adoucissement réduit un peu l’opacité du masque. Cela peut être compensé avec le curseur d’« opacité du masque ». Et voilà :
Notez qu’en poussant les curseurs de « rayon adoucissement » et « opacité du masque », cela vous donne un outil similaire à l’outil de sélection contiguë de GIMP, souvent demandé par les utilisateurs de darktable : sélectionnez quelques pixels dans une zone et laissez l’outil sélectionner les pixels similaires environnants.
Par exemple, via un coup de pinceau à l’intérieur de la maison :
Et maintenant en augmentant l’adoucissement :
Améliorations de la table lumineuse et de la carte
- la recherche d’un lieu depuis la vue carte a été corrigée :
- l’aspect de la table lumineuse a été amélioré ; le texte de fond de l’image était souvent illisible car masqué par l’image, l’état de la copie locale est désormais affiché dans l’angle haut droit :
- dans darktable 2.6 :
- avec les versions précédentes, la même configuration s’affichait comme ceci :
- on peut maintenant afficher les métadonnées des images sur la miniature dans la table lumineuse et dans les bandeaux en bas de la chambre noire : Une fois activé, les informations s’affichent quand on passe la souris sur la miniature :
- on peut maintenant trier les images selon l’« aspect » (éventuellement après un recadrage dans darktable) :
- il est aussi possible de spécifier l’ordre manuellement, en sélectionnant « tri personnalisé », puis par un glisser‐déposer des images afin de les réordonner :
- les collections peuvent maintenant être filtrées par « aspect », « exposition » et « copie locale » : Le filtre aspect permet notamment de sélectionner par format : seulement les images au format portrait (ratio d’aspect < 1) ou paysage (ratio > 1) ou format carré (ratio = 1) ;
- en sélectionnant un filtre dans « filtres de collection », le nombre d’images correspondant à chaque filtre est affiché ; dans l’exemple ci‐dessous, douze images ont été prises à un temps d’exposition d’1/2000 s et six à 1/1600 s :
- il est maintenant possible d’avoir des barres de défilement dans les vues « table lumineuse » et « chambre noire » ; elles sont désactivées par défaut dans la chambre noire, mais peuvent être activées si nécessaire à partir des « préférences globales » (au bas de l’onglet « options de l’interface ») :
- les barres de défilement apparaissent autour de la partie centrale de l’interface :
- dans la vue « table lumineuse », les barres de défilement sont le seul moyen de se déplacer rapidement dans une très grande collection d’images,
- dans la vue « chambre noire », le déplacement peut s’effectuer sans barres de défilement, en faisant glisser la souris sur l’image ou en utilisant l’aperçu en haut à gauche de la fenêtre, les barres de défilement sont donc beaucoup moins nécessaires ;
- la prise en charge des groupes d’images a été améliorée ; des groupes d’images peuvent être créés en sélectionnant des images et en cliquant sur « grouper » dans le module « images sélectionnées » ; une fois cela fait, le bouton « G » en haut de la table lumineuse permet de basculer entre le mode « replié », où seule la tête de groupe est affichée, et le mode « étendu » ; en mode replié, des actions telles que l’évaluation (étoiles) et les étiquettes de couleur sont appliquées à l’ensemble du groupe ;
- de plus, il est désormais possible de trier par groupe afin que ceux‐ci restent ensemble ; l’image principale du groupe est affichée en premier, sinon l’ordre est identique au tri par « numéro ».
- le module d’impression a été amélioré : il est maintenant possible de choisir le type de papier et, lors de l’utilisation de TurboPrint, la fenêtre d’impression complète de TurboPrint s’affiche avant l’impression ;
- les « filtres de collection » de la « table lumineuse » ont désormais trois modes permettant d’interagir avec les étiquettes (tags) hiérarchiques. Lorsque vous sélectionnez une étiquette qui n’est pas un nœud (c’est‐à‐dire une étiquette avec des sous‐étiquettes), donc l’étiquette « parente » :
- un double clic sélectionne seulement les images marquées uniquement avec cette étiquette, la recherche est définie sur le « parent »,
- un
Ctrl
+<double clic>
sélectionne seulement les enfants, c’est‐à‐dire les images étiquetées avec « parent|enfant » et pas seulement « parent » ; la recherche est définie sur « parent|% », avec « % » signifiant « toute chaîne », - un
Maj
+<double clic>
sélectionne les images marquées avec l’étiquette elle‐même ou l’un de ses enfants ; la chaîne de recherche est définie sur « parent% ».
Autres fonctionnalités importantes
Contrôle plus fin sur le bruit pour les modules « réduction du bruit (profil) » et « réduction du bruit RAW »
De nouvelles courbes ont été introduites afin de permettre un contrôle plus fin du mode « ondelettes » des modules « réduction du bruit (profil) » et « réduction du bruit RAW ». Ces courbes permettent de contrôler la force du débruitage, fréquence par fréquence.
En d’autres termes, vous pouvez adapter la force du débruitage en fonction de l’importance du grain produit par le bruit. La courbe « tout » permet de changer la force de tous les canaux en même temps, tandis que les courbes « R », « G » et « B » permettent de changer la force séparément pour les canaux rouge, vert et bleu.
Il était déjà possible de débruiter de manière sélective les canaux rouge, vert et bleu en utilisant ensuite les modes de fusion « canal RGB rouge / vert / bleu », mais le nouveau module peut le faire avec une seule instance et sans fusion.Tout d’abord, regardons un exemple de ce qui peut être fait avec les courbes « tout »
Pour commencer, effectuez un zoom à 100 % sur l’image. À des niveaux de zoom inférieurs, le résultat est une approximation qui n’est pas toujours précise.
Actionnons ensuite le module de « réduction du bruit (profil) », en mode « ondelettes ». Une force comprise entre 0,150 et 0,3 est généralement un bon point de départ. Ici, pour mieux voir l’influence de la courbe, nous utilisons une force de 0,5.Voici ici l’image que nous obtenons avec une courbe plate :
Maintenant, en réduisant la force sur une fréquence spécifique, nous pouvons obtenir des résultats très différents. Voici ce que nous obtenons en abaissant la force sur une fréquence assez grossière :
Le résultat n’est pas agréable pour les yeux, car les bruits de grains grossiers sont très perturbants. Ici, nous réduisons trop la force de débruitage.
Essayons le même test sur la fréquence la plus fine :
On obtient ici une image beaucoup moins gênante que la précédente : le bruit du grain fin est moins dérangeant que celui à grain grossier. Cette image est même sans doute plus naturelle que celle avec une courbe plate. En jouant avec les différentes fréquences, on peut obtenir de meilleurs compromis entre lissage et conservation des détails.
De plus, de nouveaux préréglages qui exploitent cette courbe sont maintenant disponibles pour le module « réduction du bruit (profil) » :
- un pour le bruit de chrominance (fausses couleurs), où le bruit est augmenté pour les détails les plus fins, la couleur ne devant pas trop changer d’un pixel à l’autre ;
- un pour le bruit de luminance (fausse luminance), où le débruitage est réduit aux détails les plus fins et à certaines échelles grossières ; son objectif est de trouver un bon compromis entre bruit et lissage pour des images peu bruyantes (oubliez les valeurs ISO étendues, par exemple ; pour de telles images, nous devons utiliser des stratégies moins automatiques).
Le préréglage chroma doit être utilisé en première instance et le préréglage luma en deuxième instance.
Vous pouvez utiliser les courbes RVB pour des images plus complexes ou pour obtenir un meilleur compromis. En effet, les capteurs capturent généralement les valeurs R, V et B. En fonction de l’éclairage de la scène, les canaux peuvent présenter différentes caractéristiques de bruit :
- l’un des canaux peut être plus (ou même beaucoup plus) bruyant que l’autre ;
- un canal peut avoir un bruit plus grossier qu’un autre.
Vous pouvez essayer d’obtenir un meilleur compromis de débruitage en débruitant les canaux séparément, à l’aide des courbes RVB et d’une instance du mélangeur de canaux permettant de visualiser les canaux :
Une fois que les canaux RVB ont été débruités, vous pouvez utiliser une autre instance en mode de fusion couleurs pour éliminer les problèmes de couleur restants.
Notez que le débruitage des canaux RVB individuellement doit être effectué avant d’utiliser une instance en mode de fusion couleurs, car cela mélangera les canaux et modifiera les caractéristiques du bruit.
Ces explications utilisaient le module « réduction du bruit (profil) » comme exemple, mais vous pouvez suivre les mêmes étapes avec le module « réduction du bruit RAW ».
Notez également que l’astuce consistant à utiliser le mélangeur de canaux pour visualiser un canal en particulier pendant qu’on règle le débruitage de ce canal est aussi utile pour définir les paramètres du module « réduction du bruit (bilatéral) ».Un nouveau mode logarithmique pour le module correction du profil d’entrée
De la même manière que la « transformation logarithmique » du module filmique, le module « correction du profil d’entrée » propose maintenant un mode logarithmique, avec les mêmes curseurs et sélecteurs. La différence principale est que « correction du profil d’entrée » vient avant l’application du profil d’entrée, tandis que filmique vient plus tard dans le pipeline graphique.
L’utilisation du « mode logarithmique » du module « correction du profil d’entrée » donne généralement une image pâle, sans contraste. Par exemple, sur l’image Mairi Troisieme, nous obtenons cela :
Obtenir une image pâle est en fait l’objectif : le « mode logarithmique» du module « correction du profil d’entrée » est fait pour être utilisé en complément d’un autre module ultérieurement dans le pipeline graphique afin de donner plus de pep’s à l’image (par exemple avec le module de « balance couleur », particulièrement avec les nouvelles fonctionnalités de cette version).
L’avantage de ce flux est que la majeure partie du pipeline graphique, en particulier l’application du profil de couleur d’entrée, est réalisée sur une image qui s’étend correctement sur l’histogramme, sans valeurs extrêmes. En d’autres termes, nous distinguons une partie technique de l’édition et une partie artistique.Revenons à notre image où la balance des couleurs permet par exemple ceci :
Notez que dans ce flux de travail, il est obligatoire de travailler dans le même ordre que le pipeline graphique : essayer d’ajuster les paramètres du module « correction du profil d’entrée » après le réglage des niveaux et du contraste avec le module « balance couleur » est voué à l’échec.
En pratique, le module filmique peut faire plus ou moins la même chose, mais il a l’avantage de tout avoir dans un seul module permettant une édition plus rapide.
Possibilité d’ajuster l’opacité de chaque correction du module de correction de taches
Le module « correction de taches_ bénéficie de certaines des fonctionnalités intéressantes du module « retouche ». Par exemple, il est désormais possible de définir l’opacité des formes individuellement (
Ctrl
+<clic>
).Amélioration de la gestion des fichiers RAW monochromes
Bien qu’il soit possible de transformer n’importe quelle image RAW en monochrome, certains boîtiers n’ont pas de filtres de couleurs devant leurs capteurs et produisent des fichiers RAW monochromes. Les versions précédentes de darktable permettaient de désactiver le module « dématriçage » pour le format RAW monochrome. Cette version améliore encore le traitement de ces images en désactivant la correction des aberrations chromatiques, le module « balance des blancs » (ne serait‐ce que pour éviter les messages d’erreurs parasites) et en réactivant le traitement de base, tel que l’exposition automatique désactivée dans les précédentes versions.
Amélioration de la gestion des instances multiples de modules
Possibilité de renommer les instances de module
Lorsqu’on utilise plusieurs instances du même module à des fins différentes, il est souvent difficile de se rappeler quelle instance sert à quoi. Maintenant, darktable permet de donner un nom à chaque instance pour simplifier cela. Par exemple, si vous utilisez deux occurrences de « réduction du bruit (profil) », une pour le bruit de chrominance et une pour le bruit de luminance, vous pouvez définir le nom du premier comme « chroma » et le nom du second comme « luma ».
Les étapes pour définir le nom de l’instance de chrominance sont décrites ci‐dessous :
- tout d’abord, cliquez sur le bouton « actions instances multiples » ;
- cliquez sur « renommer » ;
- entrez le nom ;
- appuyez sur
Entrée
sur votre clavier.
Donner un nom à une instance de module n’est pas seulement un moyen pratique de se souvenir de qui fait quoi : darktable utilise aussi cette information pour le copier‐coller d’historique, décrit juste après.
Amélioration du copier‐coller
L’une des forces de darktable est, grâce à sa nature non destructive, la possibilité d’appliquer l’historique d’une image sur une autre. Un historique peut être enregistré en tant que style ou copié d’une image à une autre (en utilisant
Ctrl
+C
, puisCtrl
+V
dans la « table lumineuse » ou la « chambre noire », ou en utilisant le module « développement » dans la « table lumineuse »).Une difficulté, cependant, consiste à décider de ce qui doit se passer lors du copier‐coller d’un historique contenant un module sur une image cible où le module est déjà utilisé. Par défaut, darktable remplace le module existant par celui copié‐collé. Toutefois, lorsque le même module est utilisé à des fins différentes dans les images source et cible, ce comportement n’est pas satisfaisant.
Dans darktable 2.6, le comportement est le suivant : lorsque les modules des images source et cible ont des noms différents, les deux instances sont conservées. S’ils portent le même nom, le copié‐collé remplace l’ancien.Appliquer un style en un clic à une nouvelle instance
Travailler avec plusieurs instances du même module devient de plus en plus facile. Un cas d’utilisation courant consiste à créer une instance pour un réglage prédéfini, par exemple, le module « réduction du bruit (profil) » est souvent utilisé avec une instance pour traiter le bruit de luminance, et une autre pour la chrominance.
Avec les versions précédentes, cela se faisait en plusieurs étapes :
- créer une nouvelle instance ;
- appliquer le préréglage (4 clics).
Il est maintenant possible de le faire en une seule étape : ouvrez le menu « pré‐réglages » et utilisez le bouton du milieu de la souris au lieu du bouton gauche pour sélectionner l’entrée :
Notez que la version qui suivra la 2.6 permettra d’ouvrir le menu « pré-réglage » par un clic du bouton du milieu de la souris, donc on pourra utiliser le même bouton pour les deux clics.
Recadrage préservant le ratio dans le module de correction de perspective
Le module « correction de perspective » permet désormais un recadrage semi‐automatique préservant le format original de l’image :
Glissez simplement la souris sur l’image pour sélectionner la portion à recadrer :
L’aire est ajustée automatiquement afin d’éviter d’inclure des parties noires de l’image cible. Ceci évite d’avoir à passer au module « recadrer et pivoter ».
Améliorations d’ergonomie
Aide contextuelle
Le logiciel darktable est une bête complexe à maîtriser, et lire le manuel pour la fonctionnalité que vous essayez d’utiliser est souvent une bonne idée, même si vous avez déjà lu le manuel complet. Cette version introduit une aide contextuelle pour aider les utilisateurs : un bouton «
?
» est disponible en haut à droite de l’interface, à côté du bouton « préférences » :
Après sélection de ce bouton, le curseur de la souris se transforme en un point d’interrogation dès lors qu’il survole tout élément de l’interface ayant une aide disponible :
En cliquant ensuite sur l’élément, votre navigateur Web s’ouvrira sur la section correspondante de la documentation de darktable.
Organisation des modules en onglets
La répartition des modules en groupes ou en onglets (« modules de base », « modules de tonalité », « modules de couleur », « modules d’améliorations » et « groupe d’effets ») est maintenant personnalisable. La distribution originale dans darktable suit une catégorisation thématique, mais certains utilisateurs préfèrent le regroupement par étape du flux de travail.
Par exemple, le module « dématriçage » est actuellement classé dans le groupe « modules de couleur » parce qu’il traite les couleurs. Mais il intervient très tôt dans le pipeline graphique, ce qui peut avoir une incidence sur presque tous les autres modules. Il est donc judicieux de le classer dans le groupe de base.
Une nouvelle catégorisation a été proposée, mais les discussions entre les développeurs n’ont pas permis de parvenir à un consensus, car la modification des groupes risque de perturber les anciens utilisateurs habitués à la présentation originale. Dans darktable 2.6, le compromis trouvé a été de permettre une disposition personnalisée.
Vous pouvez modifier cette disposition manuellement en éditant le fichier
.config/darktable/darktablerc
, ou utiliser l’un des scripts fournis dans la distribution source de darktable :tools/iop-layout.sh
afin d’adopter une nouvelle disposition, ettools/iop-layout-legacy.sh
pour revenir à celle d’origine.Éditez ces scripts si vous souhaitez créer votre disposition personnelle. Ces scripts sont faits pour des utilisateurs avancés qui savent comment en exécuter un. Il n’est pas garanti qu’ils fonctionnent sous Windows. Si un consensus se dégage sur la meilleure présentation possible, celle‐ci pourra être adoptée dans les futures versions de darktable afin que tous les utilisateurs puissent en bénéficier.
Notez que ce changement n’affecte que l’interface. Changer la répartition des modules des différents groupes n’affecte pas l’ordre dans lequel les modules sont appliqués, ordre de traitement qui reste fixe (du bas vers le haut de l’interface affichée).
Module « courbe des tonalités »
L’interface utilisateur du module « courbe des tonalités » a été améliorée de plusieurs façons. Premièrement, vous pouvez désormais utiliser une échelle logarithmique sur l’axe X ou l’axe Y, ou sur les deux :
Ceci facilite la manipulation des points proches de zéro, c’est‐à‐dire affiner plus finement la partie de la courbe affectant les ombres.
Il est également possible de choisir l’algorithme utilisé pour l’interpolation, c’est‐à‐dire pour calculer la courbe elle‐même en fonction des points de contrôle édités par l’utilisateur. Il y avait déjà plusieurs algorithmes disponibles, mais masqués à l’utilisateur. Par exemple, sélectionner le paramètre prédéfini « contraste - haut (linéaire) » sélectionnait pour vous une spline cubique. Pour les courbes très lisses, l’algorithme d’interpolation ne modifie pas beaucoup le résultat, mais pour les courbes utilisant des points proches les uns des autres, il peut provoquer des modifications importantes.
Par exemple, regardons le même ensemble de points de contrôle à différentes interpolations. Le mode « spline cubique » donne une courbe très lisse, mais peut donner un résultat non monotone, c’est‐à‐dire une inversion de contraste sur l’image résultante :
Le mode « spline centripète » réduit le risque d’obtenir une courbe non monotone :
Le mode « spline monotone », utilisé par défaut, peut être moins lisse, mais évite de fait la non‐monotonie :
Interface utilisateur plus personnalisable avec les feuilles de style CSS
Plus d’éléments sont personnalisables via CSS. En particulier, certains qui étaient codés en dur avec un premier plan clair et un arrière‐plan sombre, ce qui rendait impossible d’avoir un thème à l’arrière‐plan clair.
Il est maintenant possible d’avoir un thème clair avec, par exemple, la CSS suivante (dans un fichier nommé
darktable.css
dans le répertoire de configuration de darktable, c’est‐à‐dire~/.config/darktable/
sur les systèmes UNIX ; pour plus d’informations et d’autres systèmes d’exploitation, voir sur darktable.fr) :/* Remplacer le chemin ci-dessous par le chemin vers le fichier darktable.css de darktable 2.6 */ @import '/usr/share/darktable/darktable.css'; @define-color bg_color #eee; @define-color plugin_bg_color #aaa; @define-color fg_color #333; @define-color base_color #444; @define-color text_color #333; @define-color selected_bg_color #eee; @define-color selected_fg_color #666; @define-color tooltip_bg_color #ddd; @define-color tooltip_fg_color #eee; @define-color really_dark_bg_color #eee; @define-color darkroom_bg_color #fff; @define-color darkroom_preview_bg_color shade(@darkroom_bg_color, .8); @define-color lighttable_bg_color @darkroom_bg_color; @define-color lighttable_preview_bg_color shade(@lighttable_bg_color, .8); tooltip { border-radius: 0pt; } #iop-plugin-ui { border: 1pt solid #aaa; }
L’interface ressemblera alors à ceci :
Attention, une interface claire comme celle‐ci donne l’impression que les images sont plus sombres. L’utilisateur sera donc tenté de surexposer ses images. Travailler sur fond clair reste intéressant pour les photographes qui travaillent sur des images destinées à être affichées sur fond clair ou blanc. Pour éviter d’être influencé vers la surexposition ou la sous‐exposition, un thème gris, comme celui dont nous avions parlé l’an passé est bien plus recommandable.
À noter que les miniatures de la table lumineuse utilisent toujours des couleurs codées en dur, mais ceci devrait changer dans la prochaine version.
Autres améliorations
Zoom
Les niveaux de zoom 50 %, 400 %, 800 % et 1 600 % sont disponibles dans la chambre noire. Même si la plupart des opérations fournies par darktable ont pour objectif d’améliorer les couleurs et la tonalité de l’image globale, il est parfois intéressant d’obtenir une vue précise au niveau des pixels sur une petite partie de l’image. Le facteur de zoom le plus élevé précédemment disponible (200 %) n’était pas toujours suffisant, en particulier sur des écrans à haute résolution. Notez que ces niveaux de zoom sont accessibles dans le menu de la zone d’aperçu, mais pas avec la molette de la souris.
Masques
Tous les masques sont prévisualisés et peuvent être ajustés avant d’être dessinés. Ceci s’applique également aux formes du module « liquéfier ».
Pipette de couleur
Le fonctionnement de la pipette de couleur a été retravaillé. Par exemple, la pipette du module « exposition » n’était pas désactivée lorsque le module l’était, corriger cela est devenu plus important maintenant que de plus en plus de modules utilisent la pipette (« filmique », « correction du profil d’entrée », « balance couleur »).
Importation depuis d’autres logiciels
- l’importation depuis Adobe Lightroom a été améliorée (les métadonnées « créateur », « droits », « titre » et « description » sont copiées de Lightroom vers darktable) ;
- un nouveau script est fourni pour importer les collections depuis Capture One Pro (
tools/migrate_capture_one_pro.sql
dans le code source de darktable).
À propos de cet article
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Contributeurs : jpg54, Matthieu Moy, Nilvus et rawfiner.
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