Un mois avec Clear Linux
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Sommaire
J’ai commencé à découvrir Linux avec Fedora, puis j’ai basculé brièvement sur Debian pour finalement terminer sur Ubuntu et je n’ai pas changé depuis des années. Je me sers essentiellement de mes PCs Linux pour développer et aller sur internet.
Ayant un vieux portable datant de 2012 et tournant avec un processeur Intel (i5-2540M), je me suis dit que je j’allais le réinstaller avec Clear Linux pour profiter des avantages de cette distribution et voir un peu quelque chose de différent.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Clear Linux (https://clearlinux.org/) est une distribution Linux proposée par Intel. Elle se démarque des autres distributions par le fait qu’elle est optimisée pour une architecture x86 et revendique donc des performances accrues.
Phoronix a fait un test et vous pouvez trouver les résultats ici: https://www.phoronix.com/scan.php?page=article&item=fedora-ubuntu-clear2020&num=1
En résumé, Clear Linux est plus rapide pour de nombreuses taches que Fedora 33 ou Ubuntu 20.10. La différence peut parfois atteindre les 10%, voir plus.
Evidemment et comme tous comparatifs, il faut prendre ces résultats avec des pincettes, mais néanmoins il témoigne d’un effort de la part d’Intel de fournir une distribution qui tire le meilleur de ses processeurs et de son expertise.
Clear Linux peut donc donner éventuellement une deuxième jeunesse à un vieux PC, et cela même si Intel destine cette distribution à des fins professionnelles (IT, DevOps, Cloud, AI).
Particularité
Stateless
Clear Linux est une distribution stateless. L’idée, entre autres et pour ce que j’en ai compris, est de séparer les données utilisateur, les données systèmes et les fichiers de configuration.
En gros ça veut dire quoi? Que les fichiers dans /etc, /opt, /home, /var, /usr/local sont gérés par l’utilisateur, ceux dans /usr sont gérés par le système. Et donc, par exemple, si vous voulez configurer ssh pour changer le port sur lequel ssh écoute, vous ne trouverez pas de fichier ssh_config dans /etc/ssh/ puisque le système n’installe rien (ou presque) dans les répertoires utilisateurs. Ce sera donc à vous de le créer. Vous pouvez trouver des exemples dans les dossiers /usr/share/[defaults|doc].
Un des avantages est que l’on peut revenir à un distribution fraîchement installé en supprimant les répertoires /etc et /var.
Rolling release
Clear Linux est mis a jour régulièrement. On se retrouve donc avec des versions récentes de toutes les applications. Si je compare mon Ubuntu 20.04 et ma Clear Linux 34460, gcc est en version 9.3.0 contre 10.2.1 respectivement.
Gestion des paquets
C’est la que le plus gros changement pour l’utilisateur a lieu. Pour ceux qui sont habitués à apt et à sa richesse de paquets, la différence est grande. Clear Linux utilise swupd à la place de apt. Il n’y a pas de différences fondamentales dans le principe d’utilisation sauf que le nombre de paquets est plus réduit. Par exemple, si vous voulez installer Putty ou Typora, vous ne pourrez pas et vous allez devoir faire autrement.
Et faire autrement veut dire utiliser flatpack ou compiler les sources (pour l’instant je ne l’ai fait qu’une fois).
Au final si on n’arrive pas à installer un paquet avec swupd, une recherche sous google avec “nom_du_paquet Clear Linux” donne rapidement une page expliquant comment installer ce paquet (ex: https://clearlinux.org/software/flathub/visual-studio-code).
L’installation
J’ai eu quelques soucis pour installer Clear Linux sur mon portable mais c’était du à un mauvais support de UEFI par le BIOS sur ce vieux portable.
L’installation est simple et rapide quand elle marche. Une fois l’image copiée sur une clef USB et après avoir booté sur cette clef en mode UEFI, on se retrouve avec un Live Clear Linux qui permet soit de tester le système, soit de l’installer.
A l’utilisation
Dans mon cas particulier, Je me sers de ce portable pour du développement Python ou C avec Eclipse, Visual Code et Code Composer Studio.
Clear Linux tourne avec Gnome (v3.38). Il y a sûrement mieux mais franchement ca marche. Le seul défaut que je lui trouve est qu’il faut faire 2 manipulations pour changer d’application: une pour afficher le choix des applications et un clic pour sélectionner la nouvelle application. Je suis sur que ça se configure mais j’ai la flemme de le faire pour l’instant. Gnome est aussi un peu tristounet.
Le démarrage et l’extinction sont super rapides.
Je n’ai pas encore eu de plantage alors que j’en ai (pas souvent mais) régulièrement sur Ubuntu.
Par contre j’ai quelques problèmes graphiques avec Firefox que je n’ai pas encore réussi à résoudre. Quand je change d’onglet, l’affichage n’est pas toujours rafraîchi. Donc je me retrouve dans mon nouveau onglet avec le contenu de l’onglet précédent.
Je n’ai pas encore eu de redémarrage demandé contrairement à Ubuntu.
La doc est bien faite et on trouve facilement ce que l’on veut. Le support de la communauté est aussi appréciable.
Du point de vue gestion mémoire je trouve que Clear Linux fait bien son boulot. Juste après m’être identifié, Clear Linux consomme environ 800MB alors que mon Ubuntu 18.04 est déjà à 1.6GB. Les deux systèmes n’étant pas des installations fraîches, c’est difficile de comparer mais néanmoins j’ai le sentiment subjectif que mon Clear Linux est moins gourmand en mémoire. Il faudrait faire de vrais tests pour confirmer ce sentiment.
Et la vitesse?
Difficile à dire mais ça marche bien c’est sur. Ce portable était plutôt du haut de gamme d’il y a presque 10 ans (un HP8560w) et franchement, à part le poids et l’épaisseur qui font leur age, ce portable est capable de faire tourner a peu près n’importe quoi encore aujourd’hui. (Pour info j’ai changé par le passé le SSD par un SSD plus récent mais d’entrée de gamme et rajouté 8Go de mémoire pour un total de 12Go).
Si j’ai le temps, et comme il me reste un ssd vierge dans un coin, il faudrait que je teste la compilation de quelque chose de gros avec un Clear Linux et une Ubuntu, ou que je compare le temps de démarrage.
Au final
Je la garde et même si tout n’est pas parfait, je trouve que Clear Linux se démarque des autres distributions en proposant une philosophie différente et une optimisation qui me semble aide à lutter contre une obsolescence rapide du matériel informatique.
Si je dois la comparer avec Ubuntu, Clear Linux est moins destiné au grand public que ne peut l’être Ubuntu. Avec Clear Linux il faut être prêt à résoudre des problèmes que l’on n’aurait pas eu si on avait installé Ubuntu.
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